Je suis une femme comblée !
Depuis sa plus tendre enfance, elle a nourri dans son coeur les rêves les plus fous. Chanter devant des foules
en délire et rencontrer l'amour, le vrai, étaient ses deux principaux objectifs. But atteint ! Aujourd'hui,
Lara a droit à tous ces bonheurs à la fois et les partage avec vous le temps d'une interview émouvante
et complice.
Il y a moins d'un an, ici même, dans Salut, alors que tu venais d'être sacrée "Révélation"
lors des Victoires de la musique, tu avais déclaré : "Cela fait dix ans que je travaille comme
une forcenée pour défendre mes chansons et prouver à ceux qui ne croyaient pas en moi qu'ils
avaient tort. En France, l'accueil du public commence à me prouver que j'avais raison". Aujourd'hui,
il n'y a plus aucun doute. Tu es la grande gagnante des Salut d'Or 1999. Tout le monde t'a adoptée, mieux,
tu es désormais une star incontestable. Ca ne te fait pas un peu peur cette ascension fulgurante ?
Tu sais, j'ai eu le temps de me préparer à ce qui m'arrive, puisque, comme tu le rappelais à
l'instant, ça fait des années que je rame dans ce métier. Les choses ne me sont pas tombées
du ciel du jour au lendemain. Mais, en même temps, je suis toujours surprise quand les gens hurlent mon nom
ou se bousculent pour m'approcher. Jamais je n'aurais pu imaginer une chose pareille.
Parfois, on attend la gloire pendant des années, et puis, quand elle arrive, ça va si vite qu'on
a même pas le temps d'en profiter...
Pas moi ! J'en profite un maximum ! (Sourire). Je goûte au plaisir de chaque télé, chaque interview,
chaque concert et, chaque fois, je me dis que j'ai du bol. Je vis tous ces moments comme de vrais cadeaux.
Tu dois être fière de toi...
Le jour où mon entourage m'entendra dire que j'ai été géniale, je l'autorise à
me mettre une paire de claques. Dans ce métier, on peut "se gonfler le chou-fleur" très
rapidement, mais ni Rick ni tous ceux qui m'entourent ne me permettraient une chose pareille. Heureusement !
Si, effectivement, tu parais très bien maîtriser ton succès, certains disent souvent de
toi que tu en fais trop. Que réponds-tu à ça ?
C'est vrai, j'ai cette façon peut-être excessive d'éclater de vie. Mais j'ai tellement le sentiment
que tout peut s'arrêter demain, ma carrière, mais aussi ma vie, que je ne m'économise pas.
Je préfère en faire trop que de me dire, quand j'aurai 60 ans : "J'aurais dû...".
Est-ce le succès qui te donne cette assurance ?
Au contraire ! C'est maintenant que j'ai peur ! Avant, quand personne ne me connaissait, je n'avais rien à
perdre. Aujourd'hui, je ne voudrais pas gâcher l'estime et la confiance que me porte le public. Mais, en
même temps, mon caractère volcanique de Sicilienne me fait foncer malgré les obstacles et les
échecs. Comme pour tout le monde, sur le moment, ça me fait mal de me prendre un 10 tonnes en pleine
tête. Je suis sonnée, anéantie. Mais c'est pour mieux me relever et repartir. Beaucoup de gens
ont tenté de me décourager. On m'a même dit : "Vous chantez trop bien, ça ne marchera
jamais " (!), mais, depuis toujours, je crois en moi. Je sais que j'ai ce qu'il faut pour y arriver. Par exemple,
je sais que mon album anglais est un bon album et qu'il a tout pour fonctionner, et, ça, personne ne m'en
fera douter.
As-tu pourtant des regrets ?
Tout à l'heure, je lisais des recettes de cuisine dans un magazine, et j'ai vraiment ressenti un manque
en pensant à ces dîners que j'aime tant mitonner pour mes copains à la maison. Aujourd'hui,
c'est vrai, je dois y renoncer faute de temps. J'ai tellement de choses à faire, à apprendre, à
voir, à dire, à comprendre... Je voudrais que les journées durent quarante-huit heures ! (Rires).
Il y a un an, tu disais aussi : "Je rêve de me marier, d'avoir des enfants... Encore faudrait-il
que je trouve l'âme soeur...". Depuis, il semblerait que les choses aient changé...
Radicalement, oui ! (Elle éclate de rire). Mais je ne vois pas ce qu'il y a de si surprenant, à mon
âge, à partager sa vie avec quelqu'un. Certains journaux nous collent des paparazzi aux basques pour
épier le moindre de nos faits et gestes. Qui ça peut intéresser de savoir de quelle couleur
est notre cuisine ou bien si on a pris ou pas un appart' ensemble ? Alors, si ça les amuse de publier des
photos de Patrick (Fiori) et moi en train de faire nos course, OK ! ça ne nous dérange pas, vu que
nous n'avons rien à cacher. On s'aime, c'est vrai. On est très amoureux. Bien sûr, on ne sait
pas ce que l'avenir nous réserve, mais on a très envie de construire quelque chose ensemble et de
vivre cette rencontre intensément.
Il n'est donc pas question que l'on se prive d'un dîner dans notre resto préféré ni
d'un week-end en tête à tête à cause des paparazzi. De toute façon, je sais qu'un
jour ils finiront par se lasser, car notre histoire, si jolie soit-elle, est, somme toute, semblable à celle
de millions de couple. Il n'y a franchement rien de croustillant à en dire.
Quel est le moment le plus exaltant selon toi : courir après son rêve ou le vivre ?
Le vivre, sans aucun doute ! Crois-moi, je n'ai jamais été aussi bien dans ma peau qu'aujourd'hui.
Je suis une femme comblée.
Véronick Dokan
© Salut - Février 1999