Le plus grand bonheur pour une femme, c'est un homme, si elle sait le prendre
Elle fut la vrai star des Victoires de la musique. Son nouveau look est le symbole de son dernier coup de foudre.
"Belle, c’est un mot qu’on dirait inventé pour elle … ". Elle dit tout à "Ciné-Télé-Revue".
"Ma plus belle histoire d’amour, c’est vous", chantait l’inoubliable Barbara. Aujoud’hui, Lara Fabian
pourrait, à son tour, entonner ce classique du répertoire français. Et le dédier non
seulement à son public, mais aussi à l’élu de son cœur, Patrick Fiori, l’une des étoiles
du spectacle "Notre-Dame de Paris". Il y a quelques temps, désireuse de protéger son jardin
secret, la nouvelle diva, applaudie par plus d’un million de personnes lors de sa dernière tournée,
était avare de confidences quant à sa romance avec le bel artiste corse. Leur complicité éclatant
maintenant au grand jour, la jeune femme raconte avec une vive émotion son incroyable conte de fées.
Qu’importe si, lors des récentes Victoires de la musique, elle n’a pas été honorée
par les "professionnels de la profession". Dans sa robe de lie de vin, Lara brillait plus que toutes
les récompenses distribuées au cours de la cérémonie à l’Olympia. Ses grands
yeux pétillants en disaient long sur son actuel "état de grâce". Infatigable, toujours
aussi passionnée, l’une des voix les plus troublantes de l’an 2000 va à présent séduire
l’Amérique en lançant son premier album en anglais. Mais entre deux avions, c’est à son compagnon,
"Patou" (surnom affectueux de Patrick), qu’elle consacre le maximum de temps. Dans les bras de "Phoebus"
- qui signifie "soleil" -, la star n’a jamais été aussi rayonnante.
"Belle, c’est un mot qu’on dirait inventé pour elle …".
Pas trop déçue de ne pas avoir remporté la Victoire de la meilleure interprète féminine
de l’année ?
Non. De toute façon, j’avais prévu de faire la fête avec mon entourage, quoi qu’il arrive.
Il faut savoir que le vote dépend de l’industrie du disque et non du public. Si on analyse l’historique
des Victoires de la musique, jamais un artiste ayant connu une année remarquable n’a décroché
de trophée lors de cette soirée. Je ne vois donc pas pourquoi j’aurais été une exception.
Etre nominé est déjà une récompense. Avec mon équipe, on a fait une tournée
"sold out", j’ai dépassé le chiffre des 5 millions d’albums vendus, je vis un succès
exceptionnel au quotidien et mon public est fantastique. Sans oublier ma grande histoire d’amour avec celui dont
je ne peux et ne veux plus taire le nom : Patrick Fiori. Tous ces événements sont ma victoire.
Si vous aviez fait partie du jury, quels auraient été vos choix ?
Côté chanteur : Axelle Red, une fille vraiment chouette, et Johnny. Pour le meilleur spectacle : "Notre-Dame
de Paris". Et pour la chanson de l’année : "Belle".
Avez-vous l’impression que ce morceau vous est, en quelque sorte, adressé ?
Quand Phoebus (alias Fiori) le chante … peut-être ! (Sourire). En fait, Patrick me chante plein de mélodies
dans la vie. On fredonne beaucoup ensemble.
Pourquoi avoir changé de look ?
J’ai opté pour une coiffure frisée, façon années 30. C’est amusant, j’aime bien changer,
varier les genres. Je n’ai pas été conseillée par un styliste. Un matin, je me suis réveillée
et j’ai décidé d’aller chez le coiffeur. De plus, ma chevelure boucle naturellement. J’en avais un
peu marre de tirer sans cesse sur mes mèches. Maintenant, me préparer le matin est devenu plus facile.
En général, un changement de tête correspond à un changement de vie …
Si c’est le cas pour moi, il y a tout de même un petit décalage. J’ai déjà entamé
un nouveau et merveilleux chapitre dans mon existence. Disons que, depuis quelque temps, je me sens vraiment bien
dans ma peau. Je suis très heureuse.
Que diriez-vous aux femmes qui désespèrent de rencontrer un jour le grand amour ?
Si j’étais Dieu le Père, je serais ravie de pouvoir leur apporter une réponse précise.
Je peux leur faire une confidence : pour ma part, j’ai désespéré pendant très longtemps.
Si mon parcours peut inspirer un peu de courage à qui que ce soit, réconforter et rassurer, je dirais
qu’il y a un moment dans la vie où l’amour finit par surgir. Au moment où on ne l’attendait plus.
C’est ce que l’on raconte en général, mais ça s’est vérifié dans mon cas. Une
histoire d’amitié, après un très long moment, m’est apparue comme un formidable amour. Aujourd’hui,
je sais que mon compagnon est mon évidence. Je ne m’en étais pas aperçue immédiatement.
C'est souvent le cas, lorsqu’on n’est pas dans un bon état d’esprit, que l’on est un peut triste. C’est
un bonheur auquel on ne pense pas, que l’on ne voit pas.
Que répliquez-vous à ceux qui vous disent que tout vous tombe du ciel ?
Ceux qui trouvent injuste ce que l’on a durement (elle insiste sur le mot) gagné n’ont rien compris au sens
de la vie. Ils feraient mieux d’aller prendre quelques petites leçons ! Le bonheur, ça s’apprend,
ça se paie. Rien n’est gratuit. Il faut y mettre de la volonté, de la ténacité. On
a tous droit à notre lot de malheurs et de bonheurs.
Certains gestes ou compliments peuvent-ils encore vous faire rougir ?
Piquer des fards, ça m’arrive tous les jours. Même si je n’en ai pas l’air, je suis quelqu’un de très
timide. En ce moment – et j’ignore sincèrement pourquoi - , tout le monde me dit que je suis belle. A chaque
fois, cela me déstabilise. Je souris bêtement comme une niaise, je me demande ce qu’il m’arrive !
(Rires). Certaines femmes sont embarrassées lorsqu’elles s’empourprent. Rougir n’est pas une honte, sauf
si on a commis une bêtise. Mais si on change de couleur parce que la déclaration, le regard de l’homme,
d’un ami ou toute autre chose de noble nous fait rougir, c’est très beau.
Et votre réaction face à un homme qui rougit ?
C’est plus rare. Mais j’adore ! Ca me fait complètement craquer. Je meurs ! En voyant un type rougissant,
je ne le sens ni faible, ni diminué. Avouer ses faiblesses, c’est être conscient de ses forces.
Quels sont vos trucs pour apprivoiser un homme ?
(Rires). Il faut oublier les rapports de force. Penser qu’on est en dessous ou au-dessus est l’erreur à
ne pas commettre. Trop de femmes revendiques une supériorité, une force, une indépendance.
Elles n’ont tout simplement qu’à rester elles-mêmes pour être l’égal ou le complémentaire
de l’homme. Beaucoup de nanas se cachent sous une espèce de "lutte féministe". Je déteste
cette fausse "guéguerre", ça m’énerve. Ces filles n’ont rien compris. Une femme
est tenace par définition. Point. Certains types qui ont réalisé ça disent qu’elle
est l’avenir de l’homme. Et c’est tout à fait exact. Les grands hommes ont existé parce qu’une femme
les poussait dans l’ombre. Elles étaient leurs conseillères ou, mieux, leurs moitiés au sens
véritable du terme. A partir du moment où l’on voit la personne en face de nous comme notre amie
et non pas une ennemie, on a tout gagné. Et le plus grand bonheur de la vie d’une femme, si elle sait le
prendre, c’est un homme.
Il faut donc bannir les a priori et vivre dans la confiance ?
Absolument. Si une fille approche un type en se disant : "A la base, il est macho, supérieur. Et moi,
je suis grande, indépendante et forte", ça va foirer. Le sexe dit "fort" est notre
ami. Sinon, les enfants ne naîtraient pas de ce mélange si harmonieux, si homogène entre deux
êtres.
Avez-vous fêté la Saint-Valentin ? Le dimanche 14 février dernier, alors que la troupe de
"Notre-Dame de Paris" était à Bruxelles, Phoebus, alias Patrick Fiori, n’est pas monté
sur scène. Etait-il parti vous rejoindre ?
Il s’était absenté pour cause de promotion, afin d’assister à l’enregistrement des "Années
tubes", à Paris. Nous avons, en quelque sorte fêté la Saint-Valentin sur le plateau de
cette émission. Vous le verrez ce vendredi 5 mars sur TF 1, avec un duo télé improvisé…
Ensuite, comme nous étions très fatigués, nous sommes juste allés boire un verre. Avant
cela, lorsque Patrick était à Bruxelles, j’avais fait un saut là-bas pour prendre le temps
de flâner avec lui au Sablon, à la Grand-Place et céder à la gourmandise à la
pâtisserie Wittamer … (Un coup de fil vient interrompre l’entrevue. Lara décroche. Elle revient après
quelques minutes). C’était lui au bout du fil ! (Sourire).
Patrick Fiori parle ouvertement de vous. Alors que, de votre côté, vous avez jusqu’ici préféré
la discrétion. Vous ne lui en voulez pas d’être plus expansif ?
Non, pas du tout. C’est son choix. Et c’est tellement magique de l’entendre parler comme ça. Souvent devant
un tel discours, je n’en reviens pas ! De mon côté, il y a plus de méfiance. Je pense qu’en
dire trop, c’est ne pas se préserver. Voilà pourquoi, jusqu’à présent, j’ai voulu garder
mes sentiments pour lui et pour moi. Jalousement ! Maintenant, je suis prête à m’épancher un
peu plus.
Qu’est-ce qui vous attire chez votre compagnon ?
Tout ! Vraiment tout ! Il est véritablement l’homme le plus attirant que j’aie jamais rencontré.
Pour ses qualités humaines, ses talents d’auteur-compositeur, de chanteur. Il ose être un vrai mec.
Etre un vrai mec, c’est ne pas avoir peur de pleurer, ni d’être romantique, ni de dire à une femme
qu’elle est belle et qu’on l’aime, sous peine de passer pour fleur bleue. Lui n’a peur de rien. C’est un homme
avec un "H" majuscule ! Il est exceptionnel.
Vous croyez au destin, à Cupidon ?
Plus que jamais. Patrick et moi venons du même monde et avons suivi le même chemin. Notre parcours
est incroyable. Nous avons tous les deux tenté notre chance à l’Eurovision, moi en 88, lui en 93.
On a participé au concours en Irlande, et chacun de nous a terminé à la quatrième position.
La première fois que l'on s’est retrouvés sur un disque pour une compilation – regroupant justement
les tubes de l’Eurovision - , il n’y avait que deux photos. C’étaient la sienne et la mienne. Nous étions
côte à côte sur le papier et on ne se connaissait pas ! Puis, nous nous sommes rencontrés
parce que nos albums ont été enregistrés sous la houlette du même producteur. Le pire,
c’est que l’on a été amis pendant près d’un an. Au début, jamais je n’aurais imaginé
une issue romantique à tous ces événements. Puis, un jour, il y a une petite étincelle
…
Comptez-vous avoir des enfants dans un proche avenir ?
C’est un grand rêve. Quand j’aurai décidé d’avoir un bébé, ma carrière
ne m’empêchera pas de donner la vie. Je m’accorderai ce bonheur lorsque je le voudrai. Mais la décision
dépend aussi de l’homme qui vous accompagne sur le chemin de l’existence. Un fiancé est une source
de joie, de sourires, d’agréments – et parfois de problèmes et de disputes, c’est normal. Mais en
cohabitant de façon harmonieuse, en totale communion, c’est merveilleux. Les enfants en sont la preuve vivante.
Ils sont l’aboutissement le plus magique de l’amour.
Votre dernier tube s’intitule "La différence". Que pensez-vous du combat des homosexuels pour
vivre, se marier, élever des enfants comme les couples mixtes ?
Ma musique n’est pas politisée, je ne le souhaite pas. J’ai écrit cette chanson comme on peint une
toile, sans dire que les hétéros avaient tort et les homos, raison. J’ai rédigé cela
parce que ce problème me touchait de près, par le biais d’une amitié. L’un de mes copains,
Nicolas, est homosexuel. Un soir, il pleurait de rage, chez moi, à la maison. Il était malheureux
comme les pierres. J’ai donc pris ma plume pour lui, et pour tous ceux et celles qui sont dans sa situation. Je
voulais évoquer la tolérance, la patience et surtout, la façon dont certains hétéros
voient malheureusement le monde "gay", c’est-à-dire sous un angle négatif. Alors que, si
l’on observe le monde hétérosexuel, il y a plein de problèmes graves : l’adultère,
les femmes battues, trompées, la pédophilie, les enfants violentés. Cet univers n’est pas
meilleur. Alors, pourquoi ne pas considérer les gays de manière positive ? Et admirer des couples
très unis qui vivent, à l’instar de nombreux duos hétéros, une vraie passion depuis
des années ? Je déteste cette tendance à mettre en exergue ce qui n’est pas la vérité,
la réalité.
Un proverbe italien dit : "Il ne faut pas juger quelqu’un avant d’avoir marché pendant deux lunes
dans ses mocassins"". Votre opinion ?
Je suis parfaitement d’accord. Je n’ai jamais marché dans les mocassins de Nicolas et des autres. Mais une
chose est sûre : je suis véritablement amoureuse des hommes, je les aime profondément. Je ne
peux certes pas savoir tout ce qu’ils ressentent. Mais, en tout cas, j’ai toujours eu énormément
de compassion pour la précarité de leur situation.
L’intolérance vous fait-elle peur ?
Je la déteste, elle me déstabilise, je m’insurge contre elle. La tolérance est la base de
la paix. S’il y a autant de discordes, de déséquilibres – qu’ils soient psychiques, mentaux ou physiques
– c’est, en ce moment, à cause de l’intolérance.
Comment réagissez-vous face à ceux qui portent des œillères qui croient toujours avoir
raison ?
Je les ignore. Il ne me mettent pas hors de moi. Je m’en désintéresse complètement. De toute
façon, on ne pourra pas les changer. Autant les laisser vivre dans leur ghetto d’étroitesse d’esprit.
Vous vous apprêtez à conquérir l’Amérique. Allez-vous modifier votre style afin de
vous adapter à l’"American way of life" ?
Pas du tout. J’ai simplement évolué en étant à l’écoute de mes désirs.
A savoir : écrire en anglais et toucher le public yankee. J’ai rédigé l’album à 90
%, notamment en collaboration avec mon producteur, Rick Allison. Cependant, Etats-Unis ou pas, je ne jouerai jamais
un jeu, je ne rajouterai pas de paillettes. Je resterai toujours moi-même. J’ignore si je vais réussir
là-bas, mais j’y crois.
Quels seront les thèmes de vos chansons en anglais ?
Je suis une sentimentale incurable. Comme en français, les morceaux parleront en majorité de rupture.
Encore des sujets tristes ? Vu votre épanouissement actuel, on aurait pu s’attendre à des paroles
plus optimistes …
Au moment où je les ai rédigées, je ne menais pas la même vie qu’aujourd’hui. Maintenant,
mon inspiration est différente. D’ailleurs, j’ai rajouté une chanson plus récente, plus "rose",
écrite parce que je me sens bien.
Allez-vous la dédier à quelqu’un en particulier ?
Je vous le donne en mille ! (Rires).
Carol Thil
© Ciné-Télé-Revue, du 26 février au 4 mars 1999