LARA FABIAN
"Ma vie de femme passera avant tout"
Propos recueillis par Katia Alibert et Bertrand Tessier
© Gala du 4 au 10 novembre 1999 N° 334
Edito de Philippe Labi, Rédacteur en chef
Il y a Lara. La Fabian. Elle explose tout : les ventes et les coeurs. A l'aube de sa carrière internationale,
la belle nous en dit un peu plus. C'est évident, ce n'est qu'un début. Star populaire au sens noble
du terme, elle aura des lendemains triomphants. Sûr qu'elle aussi fait jaser et est jalousée. Sûr
aussi qu'elle s'en moque. Il suffit de l'écouter pour s'en convaincre. De la race des grandes.
Pour elle, tout s'accélère. Sa carrière prend une dimension internationale avec la sortie
de son premier album en anglais. Elle n'hésite plus à évoquer au grand jour son amour passion
pour Patrick Fiori, son fiancé depuis un an. Radioscopie d'une femme aussi ambitieuse dans sa vie que dans
son métier.
Elle aime convaincre, Lara Fabian. Preuves à l'appui : quand elle vous reçoit, dans un hôtel
parisien, pour évoquer son nouveau disque, le visage impeccablement maquillé, comme avant d'entrer
en scène, elle commence par vous montrer son dernier clip. Une manière de placer d'emblée
la conversation sur le terrain professionnel.
Pourquoi cet album en anglais ? Vous voulez conquérir l'Amérique ?
Les Etats-Unis, c'est bien, mais ça ne représente que 30% du globe. Je fais ce disque pour le monde
entier : mon but, c'est aussi d'être diffusée sur les radios anglaises et suédoises.
Le premier single de votre album, Adagio, est un clin d'oeil à vos origines italiennes. Que vous en reste-t-il
?
Mon enfance, ma mère, la première langue que j'ai parlée... Mon exubérance, ma fougue.
En revanche, mon souci de bien faire les choses, mon ambition, ça vient du Canada. Quant à mon côté
pragmatique, terre à terre, mon goût pour les maisons bien ordonnée, je l'ai acquis en Belgique,
où j'ai grandi. En fait, j'ai toujours été pleine de paradoxes ! Même enfant. Maman
me dit toujours : "Tu étais la gosse de mille couleurs."
Avec un père belge et une mère sicilienne, n'est-ce pas un peu normal ?
Ils ont effectivement des personnalités fondamentalement différentes. Maman, c'est une pile électrique
de 1,55 mètres. Mon père, lui, c'est la force dans la continuité : il m'a appris le courage.
Je les ai beaucoup vus s'affronter, mais c'était toujours pour aller de l'avant. D'ailleurs ça fait
trente-quatre ans qu'ils s'aiment.
On dit qu'ils continuent de vous accompagner. Vrai ?
Deux ou trois semaines sans eux, et ils me manquent. Alors, oui, je les fais venir où que je sois. La réciproque
est vraie. Trois jours sans un coup de fil et ma mère m'appelle : "Gioia, ça fait trois jours
que je n'ai pas de nouvelles". Gioia, ça veut dire "ma joie" en italien. Un petit mot gentil
qui définit bien notre relation.
Quant, à dix-huit ans, pour faire carrière, vous avez quitté la Belgique pour le Canada,
ce fut un déchirement ?
Mes parents ont compris que je devais réaliser mon rêve. Le côté "je suis née
dans un petit pays, je vais donc chanter dans des bars", ce n'est pas vraiment mon truc. J'ai toujours été
ambitieuse et je l'ai toujours dit. Mais ce trait de caractère n'est ni une tare ni un manque d'humilité.
Si je ne crois pas en moi, qui va y croire ? Ce qui ne m'empêche pas de douter et d'avoir la trouille. Chaque
jours, j'ai de plus en plus peur. D'autant qu'avec cet album en anglais, je me sens encore plus vulnérable.
Comme on met toujours en doute les gens sincères, on va se poser des milliers de questions, mais on pourra
me secouer dans tous les sens, me cogner contre les murs, je sais une chose, c'est que je resterai toujours telle
que je suis.
Une autre artiste francophone s'est lancée avec succès dans une carrière internationale
: Céline Dion. On va forcément vous opposer...
En ce moment, et sans vouloir paraître prétentieuses, les gens qui ont écouté l'album
me comparent davantage à Barbra Streisand qu'à Céline. Comparer est humain, mais cette guéguerre
médiatique est malsaine. Sachez une chose : les chanteuses à voix aiment les chanteuses à
voix. Céline fait partie des dix plus belles voix au monde. Je suis donc la dernière à être
énervée par cette comparaison. Et tant pis si personne ne me croit !
Vous vous êtes déjà rencontrées ?
Bien sûr. Elle m'a dit un truc formidable : "Même quand tu parles, ça sonne bien".
Cette année, votre vie de femme a beaucoup changé...
Vous pouvez être plus directs ! Vous voulez que je vous parle de mon histoire avec Patrick Fiori ?
Exactement. Longtemps, vous avez détourné les questions.
Je ne me voyais pas dire "c'est l'homme de ma vie", alors qu'on se fréquentait que depuis deux
mois. Aujourd'hui, il y a un an que j'aime ce garçon, alors je peux le dire : je vis une grande histoire
et c'est sublime.
Patrick Fiori déclarait cet été dans Gala : "Lara, c'est la femme de ma vie. C'est
une certitude". Qu'est-ce que vous lui répondez ?
Je profite de cette histoire au jour le jour. J'ai peur de me porter la scoumoune en me disant que c'est l'amour
de ma vie. Ca fait tellement peur... Je suis très superstitieuse... Bien sûr, je veux qu'il le soit.
Mais ce qui nous arrive à tous les deux, sur le plan professionnel, est tellement incroyable qu'on ne peut
rien calculer. Pourtant, je ferai passer ma vie de femme avant ma carrière.
Vous n'arrivez pas à vous projeter dans le futur ?
Pour ce qui est de ma carrière, aucun problème. Mais en amour...
Alors comment réagissez-vous à l'impressionnante certitude de Patrick ?
C'est un Corse, un vrai Méditérranéen. Un mec droit. Je lui dis toujours : "Mon ange,
tu as la certitude de ton coeur, c'est pour ça que je te trouve extraordinaire".
Vous allez vous marier ?
C'est un souhait, mais ce n'est certainement pas quelque chose qu'on pourra réaliser cette année,
voire la suivante.
Pourquoi ?
Parce que je veux préparer cet événement moi-même. La couleur des dragées, je
veux choisir toute seule. Idem pour ma robe de mariée. Ce sera notre journée sacrée à
tous les deux.
A votre avis, pourquoi cette histoire d'amour rencontre-t-elle autant d'écho dans le public ?
Parce qu'elle est sincère !