"LARA A LA CONQUETE DU MONDE"



1999 aura vu la belle Lara s'imposer comme l'une des stars incontournables de la chanson française. Mais c'est avec un nouveau défi qu'elle aborde l'an 2000 en nous offrant son premier album en anglais, boosté par un single magnifique, Adagio. Super l'a retrouvé dans un palace parisien pour évoquer ce formidable virage dans sa carrière. Comme d'habitude avec Lara, l'émotion et la sincérité étaient au rendez-vous. Lisez vite !

Lara, comment est née cette soudaine envie de chanter en anglais ?

Je suis persuadée que la langue ne limite pas l'émotion. Chanter en anglais, c'est un moyen d'accéder aux médias européens et mondiaux qui ne passent pas de musique en français. Moi, j'ai envie de conquérir d'autres publics. Et pour cela, l'anglais est le véhicule le plus évident.

Envisagerais-tu de conquérir les Etats-Unis ?

L'album bénéficie d'une sortie mondiale et je m'attaque effectivement aux USA en février 2000. Je vais d'ailleurs faire le tour du monde pendant dix-huit mois. Le marché américain est un peu une "bête à part", mais le public a le même coeur partout.

Cette américanisation ne va-t-elle pas trop changer la Lara qu'on aime ?

Tu sais, j'ai co-écrit dix des treize titres de l'album. Les gens qui voulaient "m'américaniser" à outrance se sont retrouvés devant un mur avec moi. Je n'ai pas dix-huit ans, j'ai de l'expérience, un vécu. On ne me fera pas entrer dans un moule. La langue anglaise ne m'empêchera pas d'être moi-même.

D'autant qu'aux States, Céline Dion en tête, la concurrence est rude au niveau des chanteuses...

Ce n'est pas en empruntant une recette qui a marché avec d'autres que l'on fait de grandes choses. C'était important de rester l'auteur-compositeur que je suis, de conserver mon style européen. Je parle l'anglais presque couramment et ça n'a pas été trop compliqué de m'adapter. J'ai simplement exprimé une émotion dans une autre langue. Ca a été libérateur pour moi d'écrire en anglais.

Parles-tu toujours autant d'amour dans tes nouvelles chansons ?

J'écris toujours sur ce que j'ai vécu ou ce qui me touche. Je ne parle pas que de moi, je m'exprime aussi sur les autres à travers ce que je ressens. L'amour, c'est tellement vaste, cela génère tellement de sentiments. Cela peut concerner un homme, une femme, de l'amitié, un enfant, une mère... Ce thème se décline infiniment.

Et ces titres un peu plus "dance" ?

Cela vient du fait que j'aime toutes les musiques et j'avais envie de proposer une palette plus colorée. Je viens d'ailleurs d'acheter les disques de Christina Aguilera et de Britney Spears... Les fans qui s'identifiaient à mes chansons tristes danseront désormais sur mes chansons. Je ne veux pas faire éternellement la même chose.

Ne penses-tu pas, justement, que cela risque de surprendre tes fans de t'entendre chanter en anglais ?

L'émotion se communique au-delà des langues. Sinon l'opéra n'existerait pas. Les gens ne se posent pas cette question quand ils achètent un CD de Madonna, de Sting ou de Mariah Carey. Il existe une émotion au-delà des mots.

Même au Québec où tu as débuté ta carrière et où les gens sont très fiers d'être francophones ?

Les guerres politiques ou linguistiques qui peuvent exister au Québec ne concernent pas la musique. Si les gens ne peuvent pas comprendre la démarche d'honnêteté dans ma musique, qu'est-ce que tu veux que j'y fasse ? L'anglais n'est qu'un véhicule. S'il avait fallu chanter en ostrogoth, je l'aurais fait. Moi, je crois fondamentalement en mon étoile, je veux être une star internationale depuis que j'ai 5 ans et je deviendrai une star internationale !

Dernière question : en quoi as-tu changé depuis que tu es célèbre ?

J'ai toujours l'urgence d'être aimée. Mais je n'ai plus peur de ne pas l'être. Si quelqu'un ne m'aime pas, je ne vais plus avoir cette rage de convaincre. La vie continue, malgré tout.

SUPER PLUS


Lara a enregistré Adagio en version italienne. Une façon pour elle de revendiquer ses origines (sa maman est italienne). L'album "Lara Fabian" (sorti depuis le 30 novembre) est produit par Rick Allison et le gratin des producteurs U.S. dont Pat Leonard (Madonna) et Walter Afanasieff (Ricky Martin, Mariah Carey et Céline Dion). Lara ne nous a donné aucune nouvelle en revanche sur la love-story avec Patrick Fiori.

Vincent Guillot
© Super N° 141 - Décembre 1999